« Si j’ai un conseil à donner aux femmes qui souhaitent intégrer l’industrie de la construction, c’est de rester fidèles à elles-mêmes, de s’écouter et d’explorer. Et, surtout, de savoir s’entourer de personnes qui les appuient. »

ELISE LACHANCE
Charpentière
Pour Elise, tout a commencé à l’âge de 37 ans. On parle ici de sa deuxième vie, car avant de franchir les portes de l’industrie de la construction, elle a eu plusieurs métiers. Celle qui a étudié en arts a été designer de mode pendant plusieurs années, coopérante à l’international (Guatemala) avec un mandat de développer l’artisanat local; un poste pour lequel elle a appris l’espagnol en une vingtaine de jours ! Elle a aussi travaillé au sein de la Commission scolaire de Montréal dans le cadre d’un programme de retour aux études pour les adultes. Est-ce que vous voyez des points communs à tous ces métiers ? Mais oui bien sûr, le côté créatif/artistique et le besoin d’aider les gens. Deux traits de caractère qui teinteront notre échange avec Elise pour brosser son portrait.
Mais alors, pourquoi la charpenterie ? Comme vous le savez, il n’y a pas de hasard dans la vie, et il ne faut jamais chercher bien loin, ou au contraire remonter un peu plus loin dans le temps, pour tenter de trouver des explications. Pour Elise, c’est du côté de son père que tout s’explique peut-être; il était ébéniste. Il l’emmenait régulièrement dans le bois et lui apprit le nom des arbres et leurs propriétés. Pendant plusieurs années, elle a été son apprentie sur ses chantiers de construction de maisons. Comme on le dit si bien, la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Ah, tiens tiens, on parlait justement d’arbres…
Devenue mère monoparentale et désireuse d’avoir un métier plus ancré – elle a aussi pensé devenir éducatrice spécialisée – elle a choisi la charpenterie et elle est ainsi retournée sur les bancs d’école à 37 ans pour apprendre les bases du métier et ses techniques. Si, à ce jour, elle a enfin trouvé un rythme de croisière qui lui permet d’être en pleine capacité de ses moyens, l’histoire d’Elise a quand même failli mal tourner tant les premières années dans le milieu ont été difficiles; elle a vécu son lot de harcèlements, d’attouchements et même un licenciement non justifié. Si elle reconnaît qu’elle a failli tout abandonner, elle se dit fière de ne pas avoir lâché. Aujourd’hui, elle ne regrette absolument pas son choix d’avoir intégré le milieu de la construction car elle aime beaucoup ce qu’elle fait. « C’est sûr que j’aurai souhaité avoir plus d’appuis autour de moi, que ce soit de collègues ou de supérieurs. Car dans des grands moments d’incertitude et de malaise comme ceux que j’ai vécus, c’est le sentiment de solitude qui est le plus difficile à porter », précise-t-elle.
Après trois années d’apprentissage, Elise est sur le point de devenir compagnon. Un nouveau chapitre s’ouvre bientôt. Alors que l’art dans toutes ses formes fait toujours partie de sa vie, elle caresse le rêve de développer un jour un projet qui mixerait ses intérêts créatifs et ses compétences professionnelles. Peut-être la construction d’une école des métiers de l’art ou un centre de formation en charpenterie ? En tout cas, c’est tout le bien qu’on lui souhaite !